Valdemar RPG
Palais - Collegia => Caserne => Discussion démarrée par: Thalyana le 22 avril 2012, 12:39:22
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Thalyana hésita.
Elle se tenait devant la porte du bureau du Capitaine de la garde, Beltran. Elle voulait lui parler... c'était important pour elle. Elle avait repoussé cette entrevue plusieurs fois déjà, se trouvant toujours une occupation pour éviter de venir voir le Capitaine. Mais elle allait obtenir son diplôme tout prochainement, et cela ne pouvait plus attendre.
Finalement, elle frappa timidement le panneau de bois, en espérant que personne ne lui répondrait.
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Beltran avait l'air grave en lisant le message qu'on venait de lui remettre. Il était tellement pris dans sa lecture, d'ailleurs, qu'il sursauta presque en entendant quelqu'un frapper à la porte de son bureau. Il marmonna que ce n'était pas le moment, mais à haute voix il répondit tout de même:
"Entrez, c'est ouvert!"
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Thalyana se glissa timidement à l'intérieur. Elle n'était jamais venue dans cette pièce. En fait, elle ne connaissait de la caserne que la salle d'entraînement et la chambre de Kalaïd.
Elle respira un grand coup avant de se lancer.
" Bonjour... je suis Thalyana... euh... j'aimerais vous demander quelque chose..."
Elle n'avait jamais vu le Capitaine de près, aussi en profita-t-elle pour l'observer un peu.
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Le blond releva la tête pour voir qui allait entrer. Il fallut qu'il s'avoue à lui-même qu'il était surpris de voir qui passait la porte. La blondinette, il l'avait déjà vue: c'était la jeune guérisseuse qui trainait dans les pattes de son lieutenant Kalaïd. Ethalia. Arthalia. Un truc en A. Thalyana!
"Bonjour, demoiselle." fit-il en se levant pour aller la saluer. "Que puis-je pour vous?"
Ca devait avoir un rapport avec Kalaïd, parce qu'il ne voyait pas ce qu'une Verte pouvait avoir à lui demander d'autre.A moins qu'elle ne veuille s'engager, dégoûtée de soigner des imbéciles qui se coupaient avec des fourchettes en cuisine.
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Thalyana sourit timidement et rougit. Elle se demanda soudain pourquoi elle était venue... elle allait se ridiculiser.
Heureusement, encore personne n'était mort de s'être rendu ridicule...
" Eh bien.. je vais bientôt passer mes examens finaux. Et après, eh bien... j'aimerais... euh..."
Elle aimerait bien quoi? Travailler pour la garde? Mais c'était un mensonge...
" S'il vous plaît... si vous envoyez Kalaïd au loin, laissez-moi partir avec lui en tant que Guérisseuse pour la troupe..."
Voilà, elle l'avait dit.
Ses joues la brûlaient, elles devaient être écarlates.
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Mauvais point pour Thalyana: elle rougissait et bredouillait. Très bon point: elle ne s'embarrassait pas de courbettes et allait droit au but. Beltran se sentit intéressé par la situation et prit le temps de la jauger du regard.
" Pour le moment Kalaïd ne quittera pas Haven mais effectivement il n'est pas dit qu'il restera ici longtemps." commença-t-il. "Mais pourquoi enverrai-je une toute jeune guérisseuse sur les routes? C'est dangereux et j'ai besoin de personnes aguerries sachant se défendre seules..."
Il n'avait cependant pas dit non.
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Elle baissait les yeux sous le regard du Capitaine. Elle ne se sentait vraiment pas à l'aise... mais alors pas du tout. Elle ne put s'empêcher d'entortiller le cordon de sa jupe autour de ses doigts.
" Parce que j'apprends à me défendre... avec Kal... euh, le lieutenant Kalaïd. Et parce que... enfin... je suis volontaire... et euh..."
Elle releva la tête.
" Parce que je ne peux pas rester ici s'il part! Laisser la moitié de mon âme risquer sa vie loin de moi, c'est hors de question!"
Elle avait martelé ces derniers mots avec conviction, les yeux plantés dans ceux de Beltran.
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La jeune Verte semblait perdre ses moyens et cela n'allait pas vraiment convaincre Beltran de la laisser partir.
" Quelques cours ne suffiront pas à faire de vous une combattante aguerrie, malheureusement. Vous avez le temps d'y parvenir cependant..." commença-t-il.
Puis il capta la dernière phrase. Il avait oublié ce léger problème. Il venait tout juste de se faire rappeler ledit problème par ce petit bout de femme. Les Dieux, quels qu'ils soient, avaient un curieux sens de l'humour.
"Ah oui merde..." laissa-t-il échapper à mi-voix avant de se reprendre. "C'est vous le Lien pour la Vie."
Il lui fit signe de s'asseoir.
"Bon ben on va discuter de ça. Le Lien fait mal quand vous vous éloignez l'un de l'autre, mais c'est gérable quand le devoir l'exige."
Beltran, insensible? A peine...
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Elle s'assit, l'air singulièrement mal à l'aise.
"Oui... c'est moi. "
Elle s'étonnait du peu de respect que le Capitaine semblait avoir pour ce genre de choses... elle-même, totalement ignorante des Dieux, de la Foi et autres, avait toujours fermement cru que les Liens pour la Vie était une bénédiction. Cruelle, certes, qui apportait le bonheur aussi.
"Ce n'est pas une question de douleur... C'est comme de savoir que dans la pièce à côté, on a du lait du le feu, mais qu'on ne peut y pénétrer car on a perdu la clef. Ça paralyse, ça rend moins performant, car l'esprit est sans cesse préoccupé, accaparé. Et d'autant plus quand on vit ce que vit l'autre... "
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Beltran se rassit dans son siège et se renversa légèrement en arrière pour regarder Thalyana qui répondait. Elle avait beau ne pas se sentir parfaitement bien en face de lui, elle arrivait à répondre. Avec des images étranges, dignes d'une ... cuisinière. Elle avait cependant de bons arguments. Il demanda cependant:
" Être non loin de lui lorsqu'il se battra, lorsqu'il sera en danger, ne vous rendra pas aussi paralysée? Ca n'évitera pas de vous rendre moins performante de le voir risquer sa vie .Vous savoir en sécurité l'aiderait, lui, par contre." souligna-t-il. "Comment pourrais-je être sûr que vous n'allez pas faire une bêtise en le voyant en danger, et abandonner le poste qu'on vous aura donné? Un Lien pour la Vie amène des comportements irrationnels."
Du genre, un Héritier-Régent qui épouse la fille de celui qui veut fomenter des révoltes, ce genre de choses...
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Thalyana haussa les sourcils. Elle? Des comportements irrationnels? Ce n'était pas son genre... et puis, elle avait prouvé qu'elle pouvait remplir son devoir alors que de son côté, Kal se battait.
" Je ne crois pas qu'un pro comme Kalaïd pense à autre chose que son adversaire pendant qu'il se bat. Et s'il voulait une petite femme tranquille qui l'attend en tricottant, bah tant pis pour lui. Soigner est un devoir, et je l'accomplirai bien mieux en respectant mon coeur."
Elle fit la grimace.
" J'ai déjà eu une leçon de morale... et je ne vois pas en quoi un don des Dieux ( qui qu'ils soient) pourraient engendrer de mauvais comportements..."
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Beltran faillit sourire. Thalyana réagissait enfin comme il attendait qu'on le fasse quand on lui demandait quelque chose.
"Voilà une réponse qui me plait déjà mieux. Je sais ce que vous avez accompli lors des missions. Je n'ai pour le moment que de bons échos de votre travail. Cependant, accepter une Guérisseuse à peine diplomée, c'est tout de même prendre de gros risques pour la patrouille." fit-il sérieusement.
Il la regarda de nouveau:
"Je ne suis pas opposée à ce que vous vous joigniez à l'équipe de Kalaïd pour le cas où je le renverrai ailleurs. Cependant, je pose trois conditions. La première est que vous ayez votre uniforme depuis au moins trois mois, et qu'Oesope vous déclare capable de partir. La deuxième est que vous soyez alors accompagnée d'un autre guérisseur plus expérimenté. Et la dernière est que vous soyez assez entraînée au maniement des armes pour ne pas être un fardeau."
Il se rassit correctement:
"Je n'ai pas l'intention de l'envoyer où que ce soit pour le moment, si cela peut vous rassurer. Je pense que vous avez le temps."
Il la regarda enfin droit dans les yeux et la prévint:
" Les Dieux ont parfois un sens de l'humour très particulier."
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Elle se demanda un peu s'il se moquait d'elle. Ou alors cela l'amusait de paraître plus sévère qu'il ne l'était en réalité.
" Je dois passer mes examens sous peu... pour le Guérisseur, après tout, c'est vous qui décidez des équipes à envoyer, non? Et pour les armes, je m'entraîne... et je suis fille de combattant. J'ai appris les bases enfants, jusqu'à ce que mon Don m'en empêche...."
Elle sourit timidement.
" Et tant mieux s'il ne va pas partir tout de suite... C'est juste, qu'avec la guerre qui se profile... je ne veux pas rester en arrière."
La dernière remarque du Capitaine la surprit.
" Pourquoi dites-vous cela? Je n'y connais pas grand chose, mais, les dieux ne sont-ils pas censés veiller à notre bien-être?"
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Thalyana répondit presque du tac au tac à chaque exigence du Capitaine. Celui-ci daigna alors sourire:
" Vous faites preuve d'un caractère certain. Cela vous sera utile. Par contre si vous êtes attaquée, votre Don ne doit pas entrer en compte. Vous sauvez votre vie et celle de vos compagnons, point. C'est bien clair?"
Le sourire soulagé de Thalyana radoucit un peu le blond qui lui répondit avec sincérité:
"J'espère qu'elle n'arrivera pas trop tôt, et c'est tout à votre honneur de prendre tout cela en compte."
Par contre, la conversation déviait sur un terrain que le soldat n'appréciait guère.
" Les Dieux veillent à leur bien-être. Ils préservent soit-disant l'équilibre des forces, et sans eux le monde s'effondrerait, mais quand ils interviennent dans le monde des humains ce n'est pas pour notre bien, mais le leur. Ou pour s'amuser, des fois je me demande."
Pourquoi parlait-il de ça avec cette petite blonde timide?
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Thalyana ouvrit la bouche pour répondre, mais la referma bien vite. Après tout, elle n'y connaissait rien. Cependant...
"Mais... je ne sais pas en général, mais l'amour, cela ne peut être mauvais... Vous avez l'air de trouver que c'est une perte de temps, ou un risque... Mais... ça apporte beaucoup aussi. Je ne sais pas pour les autres, mais le Lien rend plus fort... On est jamais seul dans son cœur..."
Elle se rendait bien compte que ce qu'elle disait devait lui donner l'air d'une jeune fille en fleur.
" Les Dieux... Je ne crois pas qu'ils cherchent à s'amuser. Vous avez le temps de vous amuser, vous? Alors que vous ne dirigez que la Garde d'un seul pays... Alors imaginez vous occuper d'un monde... "
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"L'amour ... ça peut rendre fou. Les crimes passionnels sont plus courants qu'on ne pense." rétorqua le capitaine en pensant au Don de Mina. "Le Lien... le Lien te force à ne pas être seul. Certains le tiennent pour une malédiction plus qu'un Don. L'amour, le vrai, c'est trouver la personne qui choisit librement de partager quelque chose avec toi. Ou pas. C'est être libre de choisir. Le Lien pour la Vie t'impose quelqu'un que tu n'aurais pas choisi et tu dois le supporter jusqu'à la fin."
Il n'aimait pas l'idée qu'on l'emprisonne de force. Déjà que son propre coeur faisait des siennes sans Lien pour l'entraver...
Quant aux dieux...
" Je ne suis pas sûr qu'ils s'occupent réellement de nous à part pour leur propre bien, justement. Ils sont jamais là quand on aurait besoin et vu les pouvoirs qu'ils sont censés avoir, on aurait bien besoin d'un coup de main. Ils nous envoient des messages cryptés au lieu de nous dire ce qu'ils veulent clairement... et ils demandent pas, ils ordonnent. On nous dit de leur obéir mais finalement, ce sont sans doute juste des créatures comme nous avec juste une vie un peu plus longue et accès à un peu plus de magie."
Puis il s'interrompit:
"Vous êtes croyante."
C'était une affirmation ou une question - les deux à la fois.
" Je ne veux pas vous choquer, et je suis désolé si je l'ai fait."
Pas besoin d'une guerre de religion dans ce bureau.
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Une personne que l'on avait pas choisie? Mais choisissait-on vraiment de tomber amoureux? Et le Lien forçait-il vraiment à aimer? Thalyana ne ressentait pas du tout la chose ainsi.
" Vous savez... on aime la personne avec laquelle on est Lié. On ne le ressent pas comme une obligation. Et je ne suis pas sûre qu'on choisisse vraiment de qui on tombe amoureux... enfin, quand on tombe amoureux normalement... Et amour ou Lien, cela nous oblige à vivre en dépendant de l'autre... la seule différence, c'est qu'un amour normal peut s'éteindre...bref..."
Elle réfléchit aux affirmations du Capitaine sur les Dieux. Après tout, pourquoi pas...
" Peut-être qu'ils ont leurs propres règles... leurs propres limitations..."
La question de Beltran la surprit totalement.
" Moi, croyante? Je ne crois pas. En tout cas je ne suis aucune religion et ne vénère aucun Dieu. Mais il est difficile de nier leur existence quand on se trouve dans ma situation, n'est-ce pas?"
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" Je ne sais pas... Quand on tombe amoureux normalement, on peut choisir de le dire ou de le cacher, et l'autre est libre de refuser ou d'accepter cet amour... Et justement il est libre de s'éteindre si on ne fait pas d'effort ou parce que la nature l'a voulu... Avec votre Lien, vous êtes obligé de dire oui, de rester, et de le vivre parce que sinon vous souffrez à mort. Un chagrin normal se soigne plus ou moins. Quand un Lié meure... l'autre meurt aussi, en général."
Thalyana répondit franchement qu'elle n'était pas vraiment croyante. Mais Beltran leva un sourcil
"Dans votre situation, j'aurai encore plus remis en cause le bien-fondé des actions des dieux. Je ne nie pas qu'ils existent, j'ai dû accepter qu'ils soient réels. Je nie juste leur ... droit à avoir cette implication dans ma vie."
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*Je ne suis pas certaine que je voudrai vivre si je me retrouvais seule* pensa-t-elle. Cependant, elle garda cela pour elle. Pas question qu'elle lui donne raison.
"Je ne sais pas... pour le moment, je n'ai pas eu à regretter leurs Dons, donc je me vois mal leur refuser le droit de s'immiscer dans ma vie..."
Elle sourit, l'air mutin.
" J'en connais qui par amour font des choses parfaitement ridicules, et qui justement, sont incapables de laisser tomber... à ceux-ci, on leur souhaiterait un Lien, non?"
Elle pensait à un cousin éloigné qui avait déclamé poèmes et chansons pendant des jours sous les fenêtres de sa belle.
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"Si un des Guérisseurs que tu fréquentes t'offre un gâteau, tu vas lui offrir la porte de tes appartements pour le laisser fouiller dans ta vie privée?" demanda soudain Beltran en passant au tutoiement sans s'en rendre compte. "J'estime que non, et pour les dieux... c'est pareil. Sauf qu'eux ils ont les pouvoirs de te forcer. Et de te faire croire que tu ne te forces pas."
Il n'aimait pas les dieux. L'amour semblait bien passionner Thalyana. Une vraie fleur bleue, naive, innocente... Heureuse.
Il se sentit cependant visé.
"Je ne souhaite de Liens qu'à ceux qui en veulent. Mais il faut faire attention aux souhaits qu'on fait... L'amour en général n'est pas une bonne chose."
Ca rend ridicule.
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Thalyana ne comprenait vraiment pas le problème de Beltran avec les Dieux. Pour sa part, elle ne s'était jamais vraiment posé la question... ce qui prouvait bien que ça n'avait que peu d'influence sur sa vie. Les Dieux ou leurs absences, cela ne la préoccupait guère avant... avant de partir en mission et d'en revenir Liée.
" Franchement, je ne pense pas qu'ils aient de tels pouvoir... ou de telles pensées. Ils accordent des Dons, en espérant qu'on en usera avec sagesse. Après tout, s'ils pouvaient à ce point-là diriger nos vies, pourquoi laisseraient-ils leurs cultes dépérir, leurs prêtres se faire tuer, ou encore... eh bien, encore se faire emprisonner comme euh..."
Elle rougit. Elle n'était pas censé parler de cela. Bon, Beltran avait participé aux missions, mais tout de même...
" Et arrêtez de dire que l'amour est mauvais parce que vous vous êtes pris un râteau! Ça arrive à tout le monde!"
Au fond, elle n'en savait rien. Mais cette attitude était bien celle d'un cœur brisé, Thalyana avait vu assez de camarades jurer que l'amour, pour eux, c'était fini, qu'on ne les y reprendrait plus, etc, etc...
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Beltran s'autorisa un petit sourire en coin quand Thalyana rebondit sur ce qu'il venait de dire. Il aimait bien ce genre de débat, et savait parfaitement qu'il camperait sur ses positions, et qu'elle sûrement aussi... Mais que certaines idées avaient une petite chance de faire leur chemin de part et d'autre. C'était toujours utile d'avoir l'avis de quelqu'un d'autre.
" Les prêtres disent qu'ils peuvent intervenir à leur gré. Et c'est justement parce qu'ils permettent des abominations que j'ai du mal à les respecter. Pour être franc, je n'ai jamais été bon croyant. Mais récemment, c'est encore pire. J'ai l'impression, et pardonne moi l'expression, que c'est un peu le gros bordel quand ils interviennent."
La réplique de la Verte le surprit. Le visage de Beltran se figea d'étonnement. C'était si visible que ça?! L'orgueil de mâle réagit et c'est d'un air étonné aux accents soulagés qu'il répondit (oh le beau menteur):
"Comme tu l'as dit si justement avant, je n'ai pas le temps de m'amuser, alors penser à l'amour..."
Et voilà, il zappa volontairement les semaines à se demander comment récupérer Mina et à se plonger dans le travail face au manque flagrant de solutions.
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Thalyana eut une moue dubitative. Après tout, elle pouvait bien se tromper... mais quand même... l'attitude du Capitaine était celle d'une homme au cœur blessé. Mais elle décida de ne pas s'en mêler... ou si peu.
"Si vous le dites... Quoi qu'il en soit, tout le monde a le droit au bonheur... vous y compris. Alors évitez d'être aussi défaitiste!"
Elle pencha la tête, pensive, revenant au cœur du débat. Les dieux autorisaient-ils ces malheurs ou ne pouvaient-ils les empêcher? La nuance avant son importance...
" Je doute qu'ils puissent empêcher les malheurs... Le Roi peut-il protéger son peuple du malheur? De la haine? Non... je ne pense pas que les Dieux en soient capables. Une maman ne peut empêcher son enfant de mal tourner. Elle peut lui donner un code de conduite, une éducation, mais en aucun cas le forcer à suivre la voie qu'elle imaginait pour lui..."
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Beltran garda un air neutre. Thalyana n'avait pas à savoir ses faiblesses, mais il lui condéda une petite chose:
"J'y penserai le moment venu."
La guérisseuse se pencha de nouveau sur le cas des dieux, et si le début était très sérieux, la dernière partie du discours faillit faire éclater de rire Beltran. Il venait d'imaginer la Déesse aux Yeux étoilés avec un biberon dans une main, l'air désespéré en train de réciter des règles de conduite à un Shin'a'hin tout penaud...
"A quoi servent-ils alors? S'ils nous ont créé et nous dirigent, pourquoi l'avoir fait? Ils s'ennuyaient, ils n'avaient rien d'autre à faire? Pourquoi nous avoir donné le libre-arbitre si c'est pour nous gronder comme des enfants désobéissants? Le Roi au moins fait des efforts et il agit pour le bien de son peuple... la plupart du temps. Mais c'est un mortel, faillible. Pourquoi nous présenter les dieux comme infaillibles alors qu'ils laissent tout cela arriver?"
Il secoua la tête:
"J'ai autant de problème avec la religion des hommes qu'avec les dieux en eux-mêmes. Regarde Aanor... Elle fait tourner tout le monde en bourrique et on est censé la sauver alors que bon... à la base ce sont des problèmes entre dieux."
Et hop, il s'égarait de nouveau. Il regarda Thalyana d'un air presque triste:
"Tu devrais peut-être discuter de tout cela avec un prêtre pour avoir une idée moins... extrême que la mienne."
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Thalyana grimaça un peu.
" Je ne suis pas sûre qu'ils se disent infaillibles. Peut-être est-ce nous qui les imaginons ainsi. Et je ne suis pas sûre qu'ils nous aient créés... Peut-être est-ce nous qui les avons créés. A force de prières... Ils essaient sans doute de faire au mieux... "
Elle fut réellement choqué par les propos du Capitaine sur Aanor. On aurait presque pu penser qu'il parlait d'une godiche quelconque, suffisamment bête pour se faire enlever par le premier venu.
Elle se mordit la lèvre.
" Vous pensez vraiment ça? Alors pourquoi ne pas tout plaquer et la laisser se débrouiller? "
S'il croyait vraiment à ses propres paroles, pourquoi chercher à percer le mystère? Pourquoi avoir envoyé une équipe pour tenter de découvrir ce qu'il était advenu de la Déesse? Bon, ce n'était peut-être pas lui qui l'avait décidé, mais il aurait pu refuser d'y aller.
Mais quel homme négatif et râleur! Thalyana comprenait qu'il fut seul! Qui aurait pu vouloir sortir avec un tel rabat-joie!
" Un prêtre voudrait me convertir... Or je me passe assez bien de croyances..."
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"Moui..." répondit simplement Beltran. "En tout cas, ils ne disent pas qu'ils sont faillibles. Ils disent "faites ça ou vous aurez des problèmes"."
En tout cas elle avait des idées bizarres, elle aussi. C'était presque rassurant. Les hommes auraient créé les dieux à force de prière... l'idée plaisait pas mal à Beltran: les humains reprenaient là l'avantage. Et ce qu'on avait créé, on pouvait le détruire...
Les commentaires du Capitaine semblaient choquant, et Beltran sourit:
"Pourquoi avoir agi? parce que mon Roi me l'a ordonné, et parce que comme je le disais tout à l'heure: ils ont les moyens de nous plier à leur volonté. Et parce que mon royaume a besoin de moi et que si les dieux ne règlent pas les problèmes, il faut bien que quelqu'un le fasse."
Puis il hocha la tête:
"Certains prêtres ne chercheraient pas à vous convertir. Le Grand Prêtre par exemple - il est représentant de toutes les religions de Valdemar, il sera plus à même de vous donner une idée globale de ce qu'un dieu peut représenter."
Il sourit:
"Même moi j'arrive à discuter avec lui, c'est pour dire."
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Thalyana sourit. On en revenait au devoir. Visiblement, ils avaient au moins ça en commun.
" Je comprends..."
Le Grand Prêtre? Quelle idée! Elle ne se voyait pas tout aller lui demander des informations sur les dieux et tout ça. Ce serait comme demander à Beltran de lui enseigner les armes, ou au Roi de lui enseigner la politique.
" Je crois que ça va aller. Je pourrai survivre sans un cours de théologie, je pense. Et je n'ai pas vraiment le temps, ces jours. "
Elle se leva. Elle avait suffisamment accaparé le Capitaine. Cependant, elle ne put retenir une dernière question.
" Juste une chose... comment avez-vous su pour Kalaïd et moi? Je veux dire, on ne s'est pas caché, mais on a pas crié cette histoire de Lien sur les toits. Et je n'en ai parlé à personne..."
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"Il serait heureux de pouvoir te renseigner tout de même, je pense." conclut le Capitaine. " Tu fais comme tu veux."
Thalyana se leva, annonçant la fin de la conversation. Une dernière question surgit cependant.
Le Capitaine répondit franchement:
"La première chose est qu'un Lien ne passe jamais inaperçu longtemps. La deuxième chose est que j'ai des rapports réguliers sur mes officiers et même mes soldats, la sécurité de Valdemar est en jeu... et que j'ai lu avec attention tous les comptes rendus de mission."
Il se leva.
" En tout cas, bon courage pour vos examens et vos heures de soin. Et profitez de cette relation, puisqu'elle vous comble." lui souhaita-t-il gentiment.
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Thalyana rougit fortement. Elle se demanda ce que contenaient ces fameux rapports. Rien de trop précis, espérait-elle.
Elle se demanda en quoi son Lien pouvait avoir de l'importance pour la sécurité du pays. Mais bon, elle n'était pas soldat, donc il était sans doute normal qu'elle n'en voit pas l'utilité... A moins que le Capitaine ne soit un peu voyeur sur les bords.
Elle le regarda d'un air suspicieux.
"D'accord... je ne savais pas que ça pouvait avoir un quelconque intérêt pour une tierce personne... "
Vraiment, elle trouvait cela louche... Cela faisait très très voyeur. Qui sait, peut-être épiait-il la vie de ses soldats car il ne sentait seul et que sa vie était monotone et solitaire?
Thalyana, tout prête à le plaindre, lui pardonna instantanément de s'être mêlé de sa vie. Mais elle s'assurerait que la prochaine fois qu'elle viendrait chez Kalaïd, personne ne les épie.
Elle sourit au Capitaine.
"Merci... j'espère que vos peines de cœur s'arrangeront."
Sur ces derniers mots, elle sortit du bureau.
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Beltran ne comprit pas pourquoi Thalyana recommençait à rougir et il lui répondit simplement:
" Je suis prévenu quand quelque chose est susceptible de changer le comportement d'un de mes hommes. Un Lien est important - mais nous n'allons pas recommencer la conversation, n'est-ce pas."
Thalyana le quitta sur des paroles étranges - et le Capitaine secoua la tête:
"C'est gentil mais bon... Rentre bien."