[justify:2n70v9uk]Chez elle, les Dons n'étaient pas forcément appelés ainsi, ni vus de la même manière. De toutes les façons, tout visait à servir la cause, et elle, aussi peu attentive qu'elle avait toujours pu l'être, aussi perdue dans ses légendes, contes et épopées imaginaires, avait toujours eu du mal à déterminer ce qu'il en était réellement - et à vrai dire, elle n'avait jamais vraiment voulu enlever la part de mystère qui entourait les idées vagues qu'elles s'en faisait. Le Don des Bardes qu'évoquait la Guérisseuse, qui plus était, n'eût sans doute que peu servi la cause. Le Talent et la Créativité, encore moins. Mais aux yeux de la petite fille, c'était des choses tout simplement magnifiques. Et quand la jeune femme lui indiqua qu'il suffisait d'être testé pour savoir si on possédait de tels cadeaux des Dieux, la tête de la fillette s'inclina sur le côté, comme elle semblait particulièrement intéressée.
« Je veux pas être dangereuse... J'ai droit être... testée alors ?... »
L'envie se sentait clairement dans le ton de sa voix. Elle n'avait aucune certitude quant à sa possession des Dons évoqués par sa patronne du jour, mais une petite flamme d'espoir brillait dans ses prunelles sombres, autant que dans son coeur. Ce serait tellement... magique, même, à ses yeux...
Elle l'écouta encore évoquer la formation, l'école, mais ne comprit pas très bien le principe de fond spécial qu'elle citait, et fronça les sourcils, cherchant à comprendre en vain.
« Je crois c'était pas la même école chez moi... »
Elle ne voulait pas qu'on croie qu'elle n'avait reçu aucune éducation. Quand bien même son attention restait vacillante, sa mère et les doyennes lui avait appris à compter, à lire et à écrire dans sa langue d'origine, même si ça ne lui servait pas vraiment ici... Elle devait bien pouvoir dire ça sans trop en révéler... que c'était fatigant de devoir toujours faire attention à tout ce qu'elle disait, d'ailleurs ! Et quand Thalyana l'interrogea sur le pourquoi de son arrivée ici seule, elle baissa à nouveau le nez, comme si elle était prise en faute... alors qu'en réalité, elle n'avait rien fait de mal, en soi. Et même si elle ne comprenait pas exactement le terme « fuguer », elle ne voyait pas trop d'autre alternative à l'abandon que ce qu'il signifiait réellement.
« J'ai pas fu... fugué. Ils disent c'était mieux pour moi. »
Les doigts noués sur son ventre, elle sentit les larmes lui monter aux yeux et ses mains trembler un peu. C'était plus facile de ne pas en parler, de laisser ça de côté, et de rester la petite fille souriante qui s'émerveillait de tout, ce qu'elle était réellement au demeurant. Evoquer son arrivée ici, ça renvoyait à l'abandon, et elle n'avait aucune envie de pleurer devant une inconnue, encore moins de devoir tout expliquer.
Comme la Guérisseuse reprenait la parole sur son statut de page, sur le travail qu'elle devait fournir en conséquence, elle hocha la tête, et se concentra donc sur ce point, sur l'éventuelle formation qu'elle continuait d'évoquer, et releva finalement la tête vers elle.
« Alors si j'ai droit, je veux essayer. C'est beau la musique. J'aimerais avoir droit en faire moi aussi... Mais pour l'instant, je travaille ! »
Et pour joindre le geste à la parole, maintenant que le duvet était recouvert et sa housse boutonnée, elle aida la femme à l'étaler parfaitement sur son lit, puis revint auprès du dernier panier qu'elle avait amené, et qui n'était pas encore vidé.
« Je mets où tout ça maintenant ? »[/justify:2n70v9uk]