Raimon acquiesça avec un léger sourire amusé: il imaginait bien de petits nobles coincés hurler que leur destin était bien plus grand que s'occuper d'un bébé on-ne-sait-quoi. Et trépigner pour accentuer leur petit discours. Il espèra que Isabeau ne trépignait pas, ou pire ne gloussait pas. Ca n'avait pas l'air d'être son cas, mais le petit sourire qui revenait, un peu vague, au fil de ses pensées annonçait qu'il ne faudrait pas trop la chercher pour qu'elle arrive à faire de l'humour sur son dos.
D'autres idées peu orthodoxes lui virent à l'esprit, le faisant rire à son tour. Isabeau le suivit dans la bonne humeur, et répondit bientôt à quelque chose de plus sérieux.
"L'autre fille? Y en a une autre que vous? Ce Collegium est plein de surprise. Je n'aurais pas dû demander à être affecté en ville..." s'étrangla Raimon avec de grands yeux.
Il secoua la tête:
"Tout est très vague mais tu ... vous sembliez heureuse."
Et lui aussi par la même occasion. Il ne croyait pas trop aux rêves mais si elle, oui, et surtout après cette étrange (et charmante) rencontre, il voulait bien faire un effort. Il évita de suggérer qu'il pourrait de nouveau rêver d'elle, parce que c'était peut -être un peu déplacé.
Un peu gêné par les pensées qui venaient se loger au creux de la courbe des seins d'Isabeau, Raimon se leva:
"Je travaille très tôt demain. Je vais donc vous laisser pour la nuit - et surtout nos parents doivent se casser le dos à essayer de regarder par la serrure là. Ce serait mesquin de les laisser se faire mal tous seuls." commença-t-il. "Donc c'est convenu? Nous essayons de nous connaître, nous voyageons ensemble, et nous verrons?"
Il prit la main d'Isabeau et la baisa très respectueusement avant de lui sourire et de murmurer:
" Merci de m'avoir fait rire, cela faisait longtemps..."