[justify:9677pq1t]Ouf, ça y est, il se relevait. Elle craignait de ne pas avoir visé juste dans ses propos, de ne pas avoir su trouver les bons mots pour le rassurer, pour lui montrer qu'elle serait là, quoiqu'il arrive, qu'il n'avait pas à avoir peur. Mais apparemment, elle avait réussi à le convaincre un peu. Elle haussa les épaules en souriant :
-Alors tu es une force pour l'armée et une possibilité d'assurer la victoire, tu es précieux. Et pour ce qui est de ce que tu sais faire... il n'est jamais trop tard pour apprendre tu sais. La question, c'est est-ce que tu en as envie ? Car après tout, soldat, c'est un métier, Lieutenant aussi et tout le monde n'est pas capable d'y arriver.
Elle ferma les yeux alors qu'il l'embrassait sur le front et secoua la tête à la suite de ses paroles :
-Je serai heureuse de t'emmener sur un chemin moins sombre, si tu le désires... Quant au reste... Effectivement je suis têtue ! Et crois-moi, je suis loin, très loin d'être parfaite. Je ne dis pas que j'aime la violence, ni le contexte de la guerre, mais je suis capable de faire face à tout ça, je suis assez forte. Ne t'inquiètes pas pour moi.
La suite... la surprit. Elle ne s'y attendait pas en fait. Elle avait pris une gorgée de thé et faillit tout recracher. Heureusement, elle réussit à garder contenance et prit la main de l'homme, la serrant très fort, le regardant droit dans les yeux.
-Pourquoi toi ? Je n'en sais rien, c'est comme ça. C'est... venu tout seul, naturellement. Je n'y peux rien, mon cœur a enfin décidé de se laisser apprivoiser par un homme, et cet homme c'est toi. Est-ce que c'est ton naturel maladroit très touchant ? Ta simplicité ? Ta tendresse, ta douceur ? Ta franchise ? Le fait que tu sois entier ? Tout ça à la fois, je ne sais pas. Mais c'est toi. Voilà.
L'évocation des nobles la fit pouffer et elle eut une moue amusée :
-D'abord je ne suis qu'une simple Guérisseuse, loin d'être une Dame ou une princesse. Et puis cette vie-là, pourrie gâtée, ça ne m'intéresse pas, mais pas du tout. Je ne dis pas que je n'aime pas les belles choses, mais le luxe... c'est pas mon truc. Je ne suis pas de ces filles qui se baladent en ville en s'extasiant sur les derniers corsets à la mode, ou le super parfum de chez machinchouette. Loin de là. Ce que tu me proposes... me convient beaucoup, beaucoup plus et saura, j'en suis sûre, me rendre heureuse.
A nouveau, reprenant un air sérieux, elle secoua la tête :
-Non je ne mérite pas mieux, arrête de te dévaloriser Fitz, tu es quelqu'un de bien. Et j'ai de la chance t'avoir rencontré ! Chacun a le droit au bonheur ! Et si ça passe par toi et moi ensemble, alors tant mieux !
De son côté, la jeune femme avait aussi terminé -hélas !- son petit-déjeuner. La tournure que prit la conversation ensuite fit réfléchir Feuillemalice, qui prit son temps pour répondre, ne voulant pas se précipiter dans ses paroles. Elle posa sa main sur celle de Fitz la faisant glisser sur ses lèvres pour l'embrasser, avant de répondre :
-Je ne vais pas te cacher qu'avant toi, j'ai eu des amants. Pour un soir, ou deux, sans attaches... Bref, comme le veut la tradition chez nous. Il est vrai que l'exclusivité est quelque chose de rare chez les Tayledras. Cependant, je t'ai dit que je souhaitais construire une relation avec toi et ce n'était pas des paroles en l'air. D'abord parce que tu me fais découvrir des sentiments que je ne connaissais pas jusqu'à présent. Ensuite parce que... et bien justement tu es toi et c'est avec toi que j'ai envie d'être. Je ne veux pas que cette relation soit à sens unique. Je ne change pas, je ne me force pas en m'engageant ainsi. J'en ai envie. Vraiment.
Elle marqua une pause. Et continua :
-Par contre, Fitz... C'est réciproque. Enfin, je n'ai aucun droit sur toi... Et si un jour ça ne va plus, toi comme moi, plutôt que de rester prisonnier de sentiments qui ne nous vont plus... Il faudra en parler. Discuter, ensemble. C'est important. Même si pour l'instant, j'ai envie d'être avec toi à chaque seconde qui passe.
Les bols étaient vide. Feuillemalice se leva à son tour, serrant contre elle l'homme qui avait réussi à s'emparer de son cœur. Elle l'embrassa, avant de lui sourire :
-C'est beau ce que tu me dis. Je ne suis pas aussi poétique, mais tu ne fais rien de travers avec moi. Ou alors c'est du travers bien, parce que regarde où ton travers nous a mené depuis hier soir ? Je trouve qu'il se débrouille bien moi ton travers.
Elle enfouit sa tête dans son cou en soupirant :
-Moi non plus je n'ai pas envie d'être séparée de toi. Et je pense que je ne vais pas être très concentrée sur mes patients aujourd'hui. Mais ne t'inquiète pas, je ne me sens ni bridée, ni privée, ni enfermée... Je me sens bien. Vraiment bien. Et complète aussi. Je ne savais pas qu'une telle intensité de bonheur était atteignable en fait.
L'heure tournait et chaque minute passée les mettait un peu plus retard. A son nouveau "désolé", elle mit les poings sur les hanche et fit semblant de se fâcher :
-Arrête de t'excuser tout le temps roh. J'aime ce petit côté maladroit chez toi, pour de vrai.
Puis elle se radoucit, sourit encore et se rapprocha de lui.
-Pour moi aussi, ça va bien au-delà d'une simple nuit. C'est encore nouveau et déstabilisant, mais c'est... fort, tu as raison.
Pas très créative, mais elle ne voyait pas quel autre mot employé. Le Lieutenant avait trouvé le terme juste. Il y avait d'autres mots bien sûr, mais elle n'était pas encore prête à les dire, c'était un peu tôt. Soupirant, elle prit un air de chien battu :
-Il va falloir y alleeer j'ai pas enviiiiie...
Effectivement, sa motivation atteignait son paroxysme là...[/justify:9677pq1t]