Keryne sembla revenir petit à petit à la réalité et Matt fut rassuré de la voir reprendre des couleurs.
« Tu l’as vue jeune ? » Le récit de Keryne commençait très bizarrement.
« Mis à la rue par d’autres neveux et nièces ? Je n’y avais jamais pensé. Après tout, on connaît bien la famille de ma mère, et je les vois pas nous mettre dehors. Mais on sait jamais. Parfois, les gens deviennent un peu fous, quand il est question d’héritage. » Il réfléchit aux indications de Keryne sur la localisation des papiers de la vieille tante. Derrière une plinthe, cela semblait logique. Quant à l’armoire, il s’en trouvait une par pièce dans l’ancien appartement de Tatie. C’était donc difficile de savoir si elle parlait de la chambre ou d’une autre pièce.
« Viens. On va aller regarder ! »Quant à la dernière remarque de Keryne, il ne la commenta pas.
Il sortit de la pièce par l’autre porte et qui donnait dans le couloir. Il fit signe à Keryne de le suivre et emprunta les escaliers. Il ne s’arrêta pas au premier, où ses trouvaient les chambres de ses parents et de ses frères et sœurs, mais au deuxième, où avait vécu la vieille tante jusqu’à sa mort. Puisqu’il fallait bien commencer quelque part, il se dirigea vers la chambre à coucher. À peine entré, il alla ouvrir la fenêtre. La pièce sentait fortement le renfermer. Il désigna l’armoire et la plinthe qui faisait le tour de la pièce.
« On va regarder si ça bouge. »Il s’agenouilla d’un côté de l’armoire et tenta de faire glisser la plinthe vers le haut. Mais celle-ci semblait solidement clouée, et il ne voyait aucune trace sur le mur qui aurait indiqué qu’on avait souvent frotté du bois contre. Il passa de l’autre côté de l’armoire et chercha à nouveau le compartiment caché. Rien.
« Non, si c’est bien à côté d’une armoire, ce n’est pas celle-ci. Regarde peut-être autour des étagères aussi. »Il se releva et sortit de la chambre. Puis il entra dans la pièce suivante, qui devait avoir servi de petit salon, ou de boudoir, à la vieille femme. Contre un mur se trouvait effectivement une armoire ornementée. Matt recommença à inspecter les plinthes, mais ne trouva rien. Dans la pièce suivante — une pièce de travail, avec un rouet et un métier à tisser — la plinthe ne révéla rien non plus. Puis Matt s’attaqua à l’autre côté de couloir. Il entra dans l’ancien “bureau” de sa tante, une pièce pleine d’étagères, de vieux livres, de vieux papiers, et une petite armoire rustique. Dans cette pièce, le premier quart du mur était recouvert de lambris en bois peint. Il formait des petits caissons carrés qui s’enfonçaient d’un pouce par rapport aux bordures. Matt s’agenouilla à côté de l’armoire, un peu las. Sa tante avait parlé de plinthe ; or cela aurait constitué un abus de langage dans ce cas-là. Mais il commença son exploration et remarque bien vite que le caisson directement à côté de l’armoire sonnait creux. Il chercha une fente où glisser un couteau, pour ouvrir le compartiment, mais le bois était très ajusté. Il observa un moment le lambris, puis commença à toquer sur le pourtour du carré de bois. Finalement, on entendit un déclic et le panneau s’ouvrit, révélant une petite étagère camouflée dans le mur. Les rayons étaient couverts de papiers officiels et de correspondance privée. Matt poussa un cri de victoire avant de se tourner vers Keryne.
« On a trouvé ! Merci Keryne ! » Il fouilla un peu les documents, mais les laissa en place avant de se relever.
« Mes parents seront contents. Et je pense que Tatie pourra enfin partir ! Merci, vraiment ! Jamais je n’aurais pensé qu’elle gardait ses documents cachés. »Il la reconduisit en dehors de la pièce, puis en bas, à la cuisine.
« Je vais attendre le retour de mes parents pour tout leur expliquer. Mais je pense que toi, tu rêves de retrouver ton lit, non ? En tout cas, merci ! »[Je te laisse clore
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