[justify:20z1gu5x]La Guérisseuse était à sa merci. Complètement, totalement, consciemment. Et ça lui faisait un peu peur d'ailleurs. Il aurait pu, à cet instant, la briser, la détruire, s'il avait voulu. Mais d'une part elle sentait bien que c'était loin d'être son souhait, d'autre part, elle n'était même pas sûre que lui ait conscience de l'emprise et du pouvoir qu'il avait sur son cœur à ce moment. S'il était parti... Elle frissonna à ce moment, ne savant pas du tout ce qu'il aurait pu se passer à l'intérieur d'elle-même. Heureusement, l'homme la rassura très vite. Une onde d'intense soulagement, mêlée de joie et de bonheur parcourut la jeune femme, qui ne put dire que :
-Merci.
Sa réponse à sa proposition, avant même d'être orale, eut le mérite d'être assez claire. Serrée contre lui, Feuillemalice sentait chaque muscle de son corps contracté contre le sien. Elle ne savait plus si c'était son cœur ou celui de Fitz qu'elle sentait battre à toute allure, sans doute les deux. Lorsqu'il parla, son cœur à elle cette fois, fit un bond dans sa poitrine et elle sourit, infiniment heureuse, n'osant croire qu'ils partageaient tous les deux la même envie.
-Je... moi aussi... Mais j'avais peur que tu... ne veuilles pas de moi. Allons-y.
Oui. Vite. Avant qu'il ne change d'avis. Avant qu'il n'ait peur. Avant que... De toute façon, il l'avait déjà embrassée, s'était saisi de la bouteille et des verres et elle attrapa les assiettes encore pleines au passage, avant qu'il ne lui prenne la main. Le tutoiement était venu naturellement, elle n'avait même pas fait attention à la transition. Elle le suivit, totalement en confiance, complètement fébrile comme... Comme si elle redécouvrait ce que c'était d'être avec un homme. Quoiqu'elle doutât avoir déjà ressenti... ça un jour.
Elle ne vit pas passer l'escalier, ni le couloir, concentrée sur la nuque de l'homme qui la tirait par la main. Ils arrivèrent dans la chambre, qu'elle apprécia d'un coup d’œil. Fidèle au reste de l'auberge, elle était plaisante, comme un cocon, intime. Elle posa les parts de tarte aux pommes sur la petite table alors qu'elle sentait le contact de Fitz lui échapper. Celui-ci revint vite vers elle, un nouveau verre à la main. Elle prit le sien et trinqua avec lui, un nouveau sourire sur les lèvres.
-A nous. A ce moment magique. A toi aussi, qui m'a complètement ensorcelée. Toi qui me donne l'impression d'être dans un rêve. Toi qui es là ce soir, avec moi.
Elle but à peine une gorgée avant que son verre n'aille rejoindre celui de l'homme. Boire, manger, tout cela paraissait dérisoire là tout de suite. Elle se laissa embrasser dans le cou en frissonnant, de désir cette fois. Jamais, elle n'avait autant désiré un homme. Elle ne se voyait pas ailleurs qu'ici, ni avec personne d'autre que lui. C'était devenu... comme vital. Elle entremêla ses doigts avec les siens, les porta à sa bouche pour les embrasser le visage éclairé par un sourire heureux :
-Et je t'appartiens.
Ces mots étaient forts. Comme les siens. Comme ce qu'ils étaient en train de vivre. Peu à peu, toute timidité fut envolée, la menace de la guerre, d'un autre départ, des conséquences de tout cela loin derrière eux. Ils étaient dans leur bulle, protégé et de tout et de tout le monde. Alors les amants s'abandonnèrent l'un à l'autre, dans des étreintes passionnées, tendres, ardentes et douces à la fois. Ce qu'ils vécurent cette nuit là resterait à jamais gravé dans leur cœur et dans leur mémoire.
[center:20z1gu5x]***[/center:20z1gu5x]
Un rayon de soleil éclairait la pièce. Dehors on entendait déjà les bruits de la vie qui s'éveillait à Haven. Le marché était installé depuis quelques temps et entre deux cris, on pouvait entendre le pépiement de quelques oiseaux. Au pied du lit, une bouteille à moitié vidée, deux verres et deux assiettes où traînaient encore quelques miettes. Et dans le lit, un homme tenant entre ses bras une femme, tous deux encore endormis, un air de bien-être semblant s'échapper de leur visage serein.
Feuillemalice poussa un soupir d'aise alors qu'elle sortait des limbes du sommeil. En ouvrant les yeux, elle vit le mur de la chambre, sentit les bras de son compagnon autour d'elle et sourit. Elle était bien. Ne se posa pas de questions, tout étant encore bien présent dans sa mémoire. Elle resta quelques minutes comme ça, à écouter la paisible respiration de Fitz collé contre elle. Puis son ventre grogna. Et elle décida de lui faire une surprise.
Alors la Guérisseuse se sortit des bras de l'homme puis des draps sans bruit, s'habilla très rapidement et descendit dans la salle. Personnes aux tables, mais Mamie était présente derrière son comptoir, fidèle au poste. Un sourire en coin était apparu sur ses lèvres, alors que Feuille apparaissait. Elle la salua et lui demanda si c'était possible de préparer un plateau petit déjeuner. Celle-ci opina du chef et se mit à l'oeuvre aussitôt. Quand la jeune femme voulut poser de quoi payer sur le comptoir, Mamie posa sa main sur la sienne et fit non de la tête, un sourire de... gratitude ? sur le visage.
Quelques minutes plus tard, Feuillemalice, un peu stressée de savoir si le geste lui plairait, ouvrait la porte de la chambre avec son coude et entrait, un plateau dans les mains, où reposaient un café noir, un thé fumant, deux verres de jus d'orange, quelques tartines de confitures et deux croissants et une rose blanche dans un soliflore. Elle regarda si Fitz dormait encore...[/justify:20z1gu5x]