"Et gâcher le plaisir de ma mère d'organiser un grand mariage entre nos deux familles ? Tu n'y penses pas."
Plusieurs pensées de disputaient le crâne de Kate à cet instant. Le mariage, de l'organisation aux conséquences, mais aussi la montre qu'elle comptait créer pour Micha, le mécanisme, les rouages... Une migraine ne tarderait pas à pointer le bout de son nez.
"Tu as probablement raison. Deux enfants d'artisans de luxe, amis d'enfance, finalement, à voir de l'extérieur, c'est d'un banal..."
Si chacun faisait attention à ce qu'il faisait de sa vie privée, alors il ne devrait pas y avoir de problème, n'est-ce pas ?
Mais malgré tout le bon sens dont Kate faisait preuve, ce gigantesque mensonge commençait déjà à lui peser sur les épaules. Une forme de pression. Il faudra qu'elle prenne le temps d'y repenser et d'utiliser ce stress à bon escient, elle savait le faire dans le cadre de son métier, alors pourquoi pas celui-là ?
Peut-être devrait-elle aller voir quelqu'un pour se détendre ? Le nom d'une Kestrachern renommée lui revint en mémoire et elle se promit d'y repenser plus tard.
Pour le moment, il y avait un sujet plus urgent, et problématique.
"J'entends ce que tu dis et qui te semble évident en ce qui nous concerne, et en tant que femme, quelque soient mes opinions là-dessus, on m'a toujours élevé en vue du mariage et donc de l'idée que je quitterai ma demeure pour celle de mon mari."
Elle finit cette tirade d'une voix de crécelle et en battant des cils, dans une parfaite imitation de sa petite soeur.
"Cela dit... je n'ai pas envie de vivre dans l'ombre de ta mère, je ne sais pas si tu comprends? Ici, ma mère a la préséance, c'est normal. Alors en tant que femme mariée, j'aimerai pouvoir avoir le dernier mot sur la façon dont je gère la maison."
Kate n'avait pas mauvaise opinion de sa future belle-mère, mais vraiment, elle n'avait aucune envie de vivre dans son sillage en attendant que le patriarche ou elle ne meurt. C'était tellement glauque.
"Sans compter que..." elle baissa la voix "... si vous voulons vivre en toute liberté nos... envie, je doute qu'on puisse sereinement le faire chez tes parents, non?"
Elle se voyait mal accueillir une amante sous le toit de sa belle-mère, pas plus qu'elle n'imaginait Micha aller ouvrir sur la pointe des pieds la porte d'entrée à Yvelin.