Une sourde tension résistait, au creux de l'omoplate gauche de l'Héritier. Tous ces devoirs que les Hérauts avaient, toutes ces obligations à respecter, ces actions à prévoir, les réactions à prévenir... Tellement de choses à faire, tellement de potentialité et d'impossibilité... la charge de Héraut pouvait parfois être terriblement pesante, jusqu'à des ramifications physiques. Et si Arthon se remettait, il n'avait plus l'allant d'avant la maladie. Il avait appris à plus déléguer - et à compter réellement sur ceux qui l'entouraient -, ce qui n'était pas une bonne chose, mais même à plusieurs, la dose de force pour gouverner était considérable.
Il n'avait pas eu tord de donner la parole à Estevan. Son collègue savait se faire entendre, et les nouvelles qu'il donna enfin officiellement avaient heureusement ( ? ) de quoi faire taire les derniers bavards. La gravité de ses propos donnait à réfléchir, et servit à arrêter le flot de paroles inutiles pour se concentrer réellement sur le problème et non polémiquer dans le vide.
Les sourcils d'Arthon restèrent soucieux: il avait bien sûr appris tout cela avant le conseil, mais c'était tout de même dur de l'entendre annoncé si clairement devant des gens parfois paniquables facilement. heureusement, la conclusion franche, et faite avec humour, avait quelque chose de ... déstressant. Si un Héraut ayant vu ce qu'Estevan avait vu pouvait se permettre ce comportement, c'était qu'il y avait réellement des solutions, penserait la majorité des gens. Enfin, Arthon l'espérait.
Il remercia l'intervention du Héraut d'un signe de tête, et porta son attention sur Aaron, qui confirma l'idée générale d'Estevan. Arthon ne pouvait qu'être d'accord, mais que cet avis sorte de plusieurs bouche ne pouvait qu'être profitable à l'ensemble. Si des critiques constructives apparaissaient, elles seraient non plus inutiles et dans le vide mais réellement pleines de sens. On pouvait en tout cas l'espérer.
Et enfin, leur mentor à tous, bien plus que l'héritier ou le Roi, ci-nommée Aranel, intervint. Elle ajouta sa voix aux leurs, et grâce à ce petit résumé qui remontrait les esprits, prit les commandes d'opérations plus techniques: les cartes. Elle demanda à Enora de s'occuper de retranscrire leurs avancées.
Arthon répondit, en même temps que son amie trouvait le nom:
"Le prince de Molovia."
Et s'intéressa à son tour à la Carte. Il annonça aussi d'une voix forte:
" Des discussions de ce même genre ont lieu avec les représentants des pays que nous avons nommé. En tant qu'Hérauts et élèves Hérauts, montrez l'exemple: oubliez les différences qu'il peut exister entre nos différentes cultures, et montrez vous ouverts. Attention, vous savez tous qu'ouvert ne veut pas dire naif, et j'espère que vous savez tous que certains de nos secrets doivent rester au sein du Collegium. Mais si vous avez l'occasion de pouvoir partager des idées ou des possibilités d'entente, n'hésitez pas à en profiter et nous en faire part."
Il reprit son souffle, et regarda son petit groupe:
" Je suis d'accord avec la proposition d'Aaron: des goupes parlementaires, ambassadeurs, pourraient faire avancer les choses. Y aurait-ils des candidats pour apporter leur aide dans cette situation?"
Il savait que lui devait rester à Haven, malheureusement, mais avait toute confiance en Aranel, Aaron et Estevan pour aider, construire ce genre de projets, surtout que quelques mots avaient déjà fait leur chemin entre eux depuis un moment. Mais ils devaient approuver ou non publiquement désormais pour asseoir leur autorité, et ce qu'on aurait voulu appeler sagesse ou conscience de l'instant.
c'était à eux de s'exprimer maintenant: lui avait fait ce que son statut et son avis, comme son devoir, le lui dictait.