Oh, ce mystérieux inconnu était en tout cas galant homme ! La pauvre fille n'avait absolument pas l'habitude qu'on lui prête de telles attention ! D'habitude, ce genre de choses étaient réservées aux Dames de la Cours, au Elèves du Collegia ou aux Hérauts femmes, mais pas aux simples domestiques ! Enfin, elle avait bien connu un ou deux galants, mais ceux-ci étaient de sa condition sociale, de plus cela n'avait été rien de sérieux. Mais cet homme, elle en était persuadée, n'avait rien d'un servant. Ses manières, sa façon de parler, et ses habits prouvaient le contraire. Son nouveau compliment acheva de la faire rougir -décidément, cela devenait une fâcheuse habitude...-, et elle répondit, le gratifiant d'un sourire :
-Enchantée Jolinar. Votre nom n'est point commun, mais très appréciable. Je me nomme Keryne.
Lorsqu'elle vit son changement d'expression, la jeune fille eut peur d'avoir commis une bourde et elle craignit que son interlocuteur s'en offusque et la plante là, mais ses explications lui firent comprendre qu'il ne le ferait pas. Cela lui parut tout d'abord étrange, mais après tout elle n'était pas Guérisseuse, loin de là même ! La servante décida donc de s'en contenter, et de profiter déjà de la vue qu'offrait l'homme en face d'elle. Keryne s'excusa cependant :
-Je vous prie de pardonner ma maladresse. Je comprend tout à fait vos raisons. Mais peut-être voulez-vous que nous trouvions un endroit moins exposé, où vous seriez plus à l'aise ?
Vkandis. Un nom qui ne lui était pas étranger. En fouillant dans sa mémoire, elle se souvint où elle avait lu cela et demanda :
-Seriez-vous Karsite ? ... Hum. Pardonnez-moi encore une fois, voilà que je me refais trop curieuse.
Le soleil commençait à se coucher, et le ciel se teintait de violet-orangé. Frissonnant légèrement, la domestique espéra qu'il accepte sa proposition de trouver un endroit un peu plus calme et moins exposé à la fraîcheur. De plus, même si le nombre de badauds avait considérablement diminué, il y avait à présent les personnes qui, sortant du travail, rentraient chez eux. Et eux restaient plantés là, au milieu de la rue, ce n'était certes pas idéal...