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(Sujet Libre, même si je préfèrerai un Héraut ou un Gris si possible
Cela se passe avant les annonces des départs en mission. )Saskia pleurait. Sa tête blonde était enfouie dans la crinière de Guerren, "son" Compagnon, tandis qu'une main tenait une brosse pour démêler la dite crinière. Jamais la jeune fille ne s'était autant laisser aller, mais aujourd'hui avait sans doute été la goutte d'eau qui faisait déborder le vase.
La DeFeriel avait été incapable de dire quoi que ce soit à son Père sur son Election (bidon, certes, mais Election quand même) et à la façon dont il la traitait au Manoir, nul doute que les premières rumeurs d'un Compagnon qui avait Choisi La Peste lui étaient parvenues rapidement. Il avait fallu l'annonce officielle pour mettre le feu aux poudres. Personne n'avait osé entrer dans le salon alors que Père et Fille se hurlaient des horreurs au visage. Le baron DeFeriel en était même venu au coup - oui, un seul - puisque la dispute cessa quand Saskia reçut ce qui devait être une gifle, qui avait du se transformer en coup de poing, et qu'une fracture de la mâchoire l'avait empêchée de prononcer le moindre mot.
Il y avait eu ça. Puis le fait qu'au Manoir, on la traitait à présent moins bien que la domestique la plus misérable de tout Haven. Saskia ne pouvait - et ne voulait - pas en parler à Arthon, parce qu'elle estimait que c'étaient ses problèmes à elle, et qu'elle devait les gérer seule. La jeune fille s'était créé une sorte de sanctuaire dans sa chambre, au Collegium des Hérauts, mais même là...
Chaque jour, elle croisait des dizaines d'apprentis, de toutes les spécialités. En fait, aux regards meurtriers qu'on lui lançait, elle avait l'impression de ne rencontrer brièvement que ceux qu'elle avait maltraités par le passé, avec sa bande de Bleus. Autant dire que ses cours, elle les passait dans un coin toute seule...
Et même si la folie lui prenait de se mêler à un groupe, cela n'empêchait pas certains Bleus de lui faire des vacheries. Le genre même qu'elle faisait subir à tous ces apprentis qui la détestait. Ca pouvait ne pas être grand chose - des crayons volés, un livre déchiré ; ça pouvait être pire : on lui avait volé ses vêtements alors qu'elle se baignait, elle était tombée quatre fois dans les escaliers cette dernière décade, et son matériel de couture avait été saccagé.
Aujourd'hui, "on" l'avait trainée dans la boue par les cheveux, "on" lui avait jeté un mélange d'herbes à la figure - mélange qui lui avait donné d'horribles boutons pendant trois heures - et son repas de midi lui avait sauté à la figure.
Saskia était au bout du rouleau. Elle avait abandonné ses cours de l'après midi pour se doucher en paix, avant de se réfugier entre les pattes de Guerren. Personne encore ne s'en était pris à son Compagnon, et c'est sans doute ce qui l'aurait fait réagir. En attendant, entre la rancune des uns, la haine des autres, Saskia ne savait pas quoi faire. Elle aurait aimé s'enfuir, juste. Au lieu de ça, Guerren l'avait convaincue de tout lui dire, et si ça avait pris la journée, elle avait fini par vider son sac. Et ce soir, alors que l'heure des repas était dépassée depuis longtemps, elle n'avait réussi à trouver le courage d'affronter à nouveau tout ça. Elle restait donc là, à dorloter Guerren et parfois secouée de nouvelles larmes.[/justify:2nytfjwn]